L'AÉROSTATION MILITAIRE

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La première utilisation militaire française de l'aérostation a eu lieu lors des premières campagnes de la révolution, avec un franc succés, notamment lors du siège de Maubeuge et la bataille de Fleurus. Toutefois, n'ayant pas acquis la mobilité nécessaire pour les guerres de l'époque, elle fût supprimée par Bonaparte et subit aprés une longue éclipse. Il faut attendre la guerre franco-prussienne pour voir de nouveau utilisés les ballons, en particulier lors du siège de Paris.

Essai de ballon dirigeable par Santos-Dumont - Le monde moderne 1899

Essai de ballon dirigeable par Santos-Dumont en 1899

En 1875, suite à la refonte de l'outil militaire français, le capitaine Renard est chargé d'installer un centre d'études, d'expériences et d'instructions, afin de mettre au point un matériel complet permettant l'emploi des ballons captifs en campagne. À l'aboutissement de ces travaux sont créés en 1879 huit parcs d'aérostations de campagne, un par armée, plus trois parc de places fortes à Toul, Verdun et Belfort. 

En 1880, le nouveau matériel participe pour la première fois avec sucés aux manœuvres, puis subit l'épreuve du feu lors des campagnes coloniales (Tonkin, Madagascar, Chine, Maroc). En 1887 quatre compagnies d'aérostiers sont crées, à raison d'une dans chacun des quatre premier régiments du génie. Ces quatre compagnies sont réunies à Versailes en 1900 pour constituer le 25° bataillon du génie. À la mobilisation les aérostiers doivent former huits compagnies d'aérostiers de campagnes et quatre de place (Verdun, Toul, Epinal, belfort).

Ascension d'un ballon à partir d'un cuirassé avec vue du même bâtiment à 400m d'altitude - Le monde moderne 1899

Ascension d'un ballon à partir d'un cuirassé


L'aérostation consiste en 1914 en l'utilisation de ballons captifs pour l'observation, le réglage de tir d'artillerie, ainsi que dans l'utilisation de quelques dirigeables. Le matériel d'un parc d'aérostation se compose de voitures hippomobiles avec tout le nécessaire pour la mise en oeuvre d'un ballon: Les ballons ont une forme sphérique. Ceux utilisés en campagne ont un volume de 540m3, ceux des places fortes 750m3. Il existe aussi des ballons auxilliaires de 320m3, ainsi que des modèles plus gros (1000 ou 1600m3), réservés aux ascensions libres. Des ballons non montés servent de ballon signal, de porte-antenne TSF ou de réservoirs pour le stockage temporaire de l'hydrogène.

Voiture-treuil: Un câble d'environ 1000m s'enroule sur le treuil. Une machine à vapeur sert de frein à la montée et à actionner le treuil à la descente

Gonflage d'un ballon avec de l'hydrogène sur grande bâche: à droite la voiture avec générateur d'hydrogène, à gauche la voiture treuil:

Lâcher du ballon d'observation: On laisse le câble se tendre naturellement, puis le treuil à vapeur est mis en marche et le câble se déroule jusqu'à une hauteur de 500m (pour 1000m de câble)

   


Avant guerre, on envisage de faire évoluer le matériel, notamment à donner une forme plus allongé au ballon, le rendant moins sensible au vent (copié sur le drachenballon allemand). Les dirigeables sont aussi porteurs de grands espoirs, et finissent par recevoir la priorité sur les ballons. En 1911 les compagnies d'aérostiers de campagnes sont supprimées. En 1913, on décide de ne plus remplacer le matériel d'aérostation des places. Le ballon captif est ainsi destiné à disparaître par extinction.

Bien que les dirgigeables n'aient pas enregistrés de progrés substantiels avant guerre, et malgré la rude concurrence des récents aéroplanes, leur utilisation militaire reste sérieusement envisagée, et le zepplin allemand notamment attire toute l'attention de l'état-major. L'importance de l'avion dans la stratégie ne fera toutefois que croitre, en particulier suite aux grandes manoeuvres en picardie en 1910.

Dirigeable "ville de Paris":


À la mobilisation les huit compagnies d'aérostiers sont affectés à la manoeuvre des dirigeables, seules les places fortes de l'Est mobilisent des compagnies d'aérostiers utilisant des ballons captifs. Le ballon captif va cependant rapidement reprendre du service, et l'aérostation va rapidement se développer. Aux premiers ballons sphériques (type E, 750m3), instables par vent fort, succède en 1915 le ballon type H, de forme allongée semblable au drachen allemand. En 1916 sort le ballon type M, construit en série, beaucoup plus stable que ses prédécesseurs, et utilisé de façon extensive.

Gonflage d'un ballon captif au début de la grande guerre - Le miroir 27 décembre 1914: les anciens treuils à vapeur hippomobiles seront progressivement retirés du service dans le courant de l'année 1915

Gonflage par tubes à hydrogène comprimé: ils sont tous branchés simultanément sur la manche de gonflement

Ballon type H: l'axe du ballon, incliné sur l'horizontale, lui permettait de ne pas perdre trop d'altitude par vent fort

Ballon type M: un empennage composé de trois ballonnets lui assurait une meilleure stabilité

Ballon saucisse d'observation lors de l'offensive de la Somme:

Ballon-saucisse offensive de la Somme

Nacelle blindée d'un dirigeable à l'instant où il va prendre l'air et le dirigeable en l'air:

Nacelle d'un dirigeable     Dirigeable

Un dirigeable de la marine guette la présence de U-boot

Dirigeable de la marine guettant les U-boot


Sources: Tranchées N°9 avril-mai-juin-2012
Album militaire
Le monde moderne 1899