LES BLINDÉS DANS LA GRANDE GUERRE
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Les raisons n'ont pas de galons - Général Estienne
Avec la guerre, des Taxis de la Marne aux chars Renault FT17 (précisèment dit Chars de la Victoire), en passant par les convois de camions de la Voie Sacrée, ils prendront de fait une importance de plus en plus essentielle.
Relève de troupes par des autobus urbains réquisitionnés - début de la guerre:
Estienne sait que le char doit allier trois fonctions: mobilité, armement, protection. Le blindage doit arrêter les balles et éclats d'obus, les canons et mitrailleuses embarqués doivent permettre de détruire les armes automatiques adverses et annihiler les résistances dont l'infanterie ne pourrait venir à bout, les chenilles doivent permettre de progresser en terrain chaotique et de franchir trous d'obus et tranchées adverses. Un tel cuirassé terrestre devait permettre aussi de transporter de l'infanterie jusque dans les lignes ennemies.
Le général Estiennne:
Ayant contacté le GQG début décembre 1915, son projet alla trés vite vers la réalisation concrète. Il l'exposa devant le général Janin à Chantilly le 12. Le 20 il rencontre Louis Renault et l'ingénieur Brillié de la société Schneider, puis le 18 janvier 1916 il rencontre Pétain, Castelnau et enfin Joffre. Une première commande de 400 chars est passé chez Schneider avec les CA-1 (sous le nom de camouflage de tracteurs d'artillerie), puis une nouvelle commande est passée pour un second type de chars, le Saint-Chamond, fixée à 400 exemplaires là aussi.
En août 1916 Estienne est affecté au GQG comme commandant de l'artillerie spéciale (AS), subdivision qui emploiera les chars.
Les premiers insuccés des chars firent douter les alliés, tandis que les allemands prirent confiance dans leur stratégie d'artillerie antichars, de tranchées élargie, de balles perforantes et de fusils antichars, et finalement n'accordèrent aucune crédibilité à l'arme nouvelle. Pétain et Clémenceau sauvèrent la situation par leurs insistances. Le 20 novembre 1917 le succès britannique de Cambrai, où des centaines de chars mark IV réussirent une percée jamais vue depuis la stabilisation du front redonna confiance dans la nouvelle arme.
Le genéral Estienne passant ses troupes en revue le 14 juillet 1917 au camp de Champlieu: Au permier plan on aperçoit un Saint-Chamond sans armement d'une section de ravitaillement et de réparation
Jusqu'en mars 1918 les chars sont employés de façon assez sporadiques. Comme ils étaient lourds, sans tourelles et peu maniables ils eurent des succés locaux, mais étaient incapables d'emporter la décision, de provoquer une large rupture de front et l'exploitation qui devait en suivre.
Le progrés décisif eut lieu là encore sous l'impulsion du général Estienne qui aboutit au char léger Renault qui eut son baptème du feu le 31 mai 1918 en forêt de Retz. Alors que les chars Saint-chamond et Schneider voyaient leurs effectifs fondre lors des contre-attaques répétées de juin et juillet 1918, les chars Renault furent employés massivement pour enrayer la poussée de l'offensive ennemie, ce qui contribua grandement à arrêter celle-ci. Les chars légers permirent ensuite l'avancée alliée jusqu'à l'armistice. Les britanniques quant à eux employèrent leurs nouveaux Mark V avec un moteur plus puissant, beaucoup plus de maniabilité, et une forme plus allongée permettant de mieux franchir les tranchées.
Chars Renault attaquant lors d'une offensive en 1918:
Mark V pris aux anglais et utilisé par les allemands lors des offensives de 1918:
Essai du matériel au Trou d'Enfer à Marly le Roi
Char Schneider du groupe Bossut , un des rescapés de l'offensive du 16 avril 1917 - le blindage est percé d'éclats d'obus:
Intérieur d'un char Saint-Chamond:
Soldats lors d'une accalmie - en arrière plan un Saint-Chamond:
Surnommé Char de la Victoire, il réussit à allier légéreté, mobilité et puisssance de feu. L'armement est installé dans une tourelle mobile tous azimuts en acier moulé de 20mm d'épaisseur. Il consiste en un canon de 37 ou une mitrailleuse, armement interchangeable (tourelle omnibus). Le poste de conduite est à l'avant, sous un glacis incliné en acier de 16mm d'épaisseur, à l'épreuve des balles de mitrailleuses.
Invulnérable aux armes légères, passant par dessus les barbelés et les tranchées, il prenait celles-ci en enfilade. Il était aussi particulièrement redoutable dans les combats de rues. Avec lui, l'infanterie possède vraiment un engin d'accompagnement efficace.
Le premier bataillon de chars est engagé à la fin mai 1918. L'artillerie spéciale (AS) croît ensuite d'un bataillon de chars légers (BCL) par semaine. Le tout avec de nouvelles tactiques: pour des raisons de coordinations, les BCL sont souvent en liaison radio avec un avion d'observation et un groupe de 155mm CTR. On lui doit indubitablement une grande part dans la victoire finale de 1918.
Devenu en quelques mois le char de la victoire, le petit renault FT est célébré comme tel le 14 juillet 1919:
Fusil antichar T-gewehr modèle 1918:
Soldats canadiens observant un fusil antichar allemand - Tankgewehr: du fait de son poids et de son recul important, cette arme était très impopulaire
Attaque de chars lourds en juillet 1918 - Peinture de François Flameng:
Charles Baude - Les petits tanks à la seconde bataille de la Marne (juillet 1918):