L'ENTRÉE EN GUERRE ET LA CONCENTRATION DES TROUPES
<= L'armée française de l'été 14
L'on m'a refusé les crédits pour la frontière du nord, vous verrez, ils passeront par la Belgique - Général Séré-de-Rivière - 1880
Ne parvenant pas à créer l'incident constituant le casus belli, l'Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août. Le 4 août, l'Angleterre déclarait la guerre à l'Allemagne, aprés avoir eu la certitude que la neutralité belge avait été violée. Le 12 août la France déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie.
Le sentiment le plus répandu dans la population reste la surprise. Seules les villes connaissent l'enthousiasme, dans les campagnes c'est la consternation (la mobilisation a lieu durant les moissons). La déclaration de guerre a pour effet immédiat de souder les français. L'union sacrée se réalise non grâce à un revanchisme visiblement émoussé, mais parce que le pays tout entier se sent victime d'une agression allemande.
Depuis 1911 le chef d'état-major général est le général de division Joseph Joffre. Officier du génie connu pour son calme imperturbable, il est celui qui commandera l'armée française au combat, avec les prérogatives de généralissime. Les généraux commandant les différentes armées sur le terrain, Dubail, Curières de Castelnau, Ruffey, de Langle de Carry, Lanrezac, Sordet ont tous participé à des commandements importants, sont tous brevetés de l'école de guerre, sont tous membres du conseil supérieur de la guerre, et ont tous participé à la guerre de 1870 (à l'exception de Ruffey). Toutefois seul joffre a participé à des campagnes extérieures. Le ministre de la guerre est Adolphe Messimy.
Nos fréres d'armes: Nicolas II, empereur de Russie, Georges V, roi d'Angleterre, Albert, roi des belges - L'illustration 8 août 1914:
On ne passe pas! dessin de Georges Scott - L'illustration du 8 août 1914:
Ainsi prés de trois milions de réservistes et de territoriaux, agés de 24 à 48 ans, rejoignent les dépôts des régiments. Le taux d'insoumis n'est que de un pour cent. L'armée française atteint à la mi-août l'effectif de trois millions six cent mille hommes. La séparation d'avec les familles se fait le plus souvent dans le silence et la confiance, tous persuadés d'être de retour d'ici peu. Personne n'imagine que le conflit puisse durer quatre ans.
Groupe de mobilisé à la gare de l'est - Un zouave joue du clairon (à gauche) - Départ de mobilisés (à droite):
Paris - Défilé d'un régiment de chasseurs à pied
Paris - Passage de la cavalerie lourde:
En parallèle de la mobilisation des hommes, est aussi effectuée la réquisition des animaux, essentiellement des équidés, car l'armée est encore essentiellement hippomobile. De août à décembre 1914 sont ainsi réquisitionnés 700.000 équidés (chevaux, anes, mulets), soit 1/5° des animaux recensés en 1914. Cette mobilisation ne laisse pas indifférente une France restée largement paysanne.
Le gouvernement militaire de Paris réquisitionne aussi les pigeons et les envoie dans l'est pour les mettre à la disposition des services de renseignements.
Dunkerke embarquement du 6° régiment d'infanterie territoriale:
Embarquement dans une gare du nord-est de la France
Les unités montent en ligne et se déploient le long de la frontière, se répartissant dans les cinq armées et le corps de cavalerie prévues par le plan XVII. Les unités d'actives composées des classes 1911-1912-1913 vont être en première ligne, bientôt complétés par des divisions de réserve métropolitaine et par les divisions d'active de l'armée d'Afrique. Certains mobilisés restent au dépôt du régiment, attendant de remplacer les pertes des premiers combats. D'autres vont constituer les garnisons des forts et camps retranchés (Quatre divisions de réserve vont ainsi aux défenses mobiles des places de l'est, Verdun, Toul, Epinal, Belfort), d'autres encore vont constituer des groupements de divisions de réserve (on en a quatre; l'un est au niveau de l'aile droite vers Vesoul, un autre au niveau de l'aile gauche entre Vervins et Sissonne). Le haut commandement dispose aussi de quatre divisions de réserve face à l'Italie ainsi qu'une division d'active dans les alpes, de trois divisions de réserve au nord est de Paris et au sud de Troyes.
La territoriale est entièrement constituée par la mobilisation; son rôle est la protection des communications et d'assurer le ravitaillement des unités de première ligne.
Au sud de la première armée se trouvait le détachement de haute Alsace (un seul corps et une division de cavalerie), dont l'objectif était l'Alsace. La première et deuxième armée devaient emporter la décision en Lorraine annexée. La troisième armée devait opérer vers le grand duché du Luxembourg ainsi que dans la province belge du même nom. La quatrième armée attendait derrière le 3ème et cinquième. La cinquième armée devait agir à l'est de la Meuse, sur les Ardennes et vers Namur. Le corps de cavalerie Sordet devait couvrir le dispositif français an nord. Quatre divisions territoriales, dites groupement Amade, se plaçaient entre Lille et Maubeuge.
Le corps expéditionnaire britannique (BEF british expeditionnary force), commandé par le maréchal French, prit place au nord du dispositif français, comme prévu dans les accords antérieurs à la déclaration de guerre. Il s'agit de deux corps d'armées composées de troupes de métier trés bien équipées. Ces troupes débarquèrent au Havre le 18 août, puis acheminées par chemin de fer, elles atteignent leur lieu de concentration le 20 autour de Cateau-Cambrésis.
Sir John French:
Soldats anglais débarquant à Rouen (à gauche) et dessuite acheminés vers le front par train (à droite):
Premiers contacts entre les français et les anglais à Rouen: cette ville fut la première base anglaise en France et en restera une des principale jusqu'à la fin de celle-ci
Suite à l'agression allemande, la petite armée belge allait quant à elle devoir combattre en premier.
Comme en 1870, la mobilisation allemande se déroula en août 1914 comme un mécanisme d'horlogerie, portant ses effectifs à trois millions huit cent mille hommes, organisées en huit armées.
Le comte Alfred von Schlieffen - Concepteur au début du siècle du minutieux plan à l'origine de celui de 1914
Allemands mobilisés partant la fleur au fusil
Sous le commandement général du chef d'état-major Helmut Von Moltke (le neveu du vainqueur de 1870) sept armées allemandes sont massées à l'ouest, tandis que la 8° doit contenir les russes en Prusse Orientale. L'aile droite allemande comprend cinq de ces armées, éclairées par quatre corps de cavalerie, deux autres devant contenir la poussée française en Alsace et Lorraine. Alors que l'état-major français s'attend à 25 corps d'armées sur l'aile droite marchante, Von Moltke lui en oppose 34, grâce à la mise en ligne immédiate des corps de réserves (22 corps d'active, 12 corps de réserve, renforcés par des brigades de la landwehr). L'aile gauche comprends quant à elle cinq corps d'armée.
Helmut von Moltke - Chef d'état major de l'armée allemande
La direction suprême (Oberste Heersleitung) s'installe au Luxembourg, du 30 août au 25 septembre, en présence du Kaiser en personne et d'une partie de la cour impériale. En tant qu'Oberkriegsherr (chef militaire supèrieur) le Kaiser en assure la direction, mais dans les faits celui-ci délégue le commandement à son chef détat-major, qui signera les ordres au nom du souverain. On doit noter que la direction suprême dirige mais ne commande pas: l'initiative est laissée aux chefs d'armées en fonction des objectifs à atteindre.
Le Kronprinz Ruprecht de Bavières - commandant de la 6° armée allemande:
Le général von Kluck: son action conduisit à la défaite de la Marne