L'idée maitresse de Séré de Rivière a été de faire reposer la défense d'une place sur un ensemble de forts détachés plutot que sur une ligne continue. On construisit ainsi, de 1874 à 1885, 166 forts, 43 ouvrages secondaires, et environ 250 batteries. Á l'est deux lignes de fortifications, de Belfort à Epinal et de Toul à Verdun, doivent sécuriser la frontière. La frontière nord doit être asurée par la neutralité belge, toutefois Lille et Maubeuge deviennent d'importants camps retranchés et des forts d'arrêts verrouillent les vallées de l'Escault, de la Meuse, de la Sambre, de l'Oise.
Ces forts reçoivent une artillerie qui se renouvelle au fur et à mesure de l'apparition de nouveaux matériels.
L’entrée du fort, sur le front de gorge ou arrière, se fait par un pont escamotable et est protégé par de multiples meurtières. L’ensemble est entouré d’un fossé flanqué par des caponnières ou coffres d’escarpes (leur défense est désormais confiée au fusils).
Les forts se soutiennent mutuellement et sont donc distants de trois à cinq kilomètres.
En
Entre le cavalier et le fossé peut se trouver un parapet pour l'infanterie et les pièces légères affectées à la défense propre de l'ouvrage. Les avantages sont l'indépendance des parapets et des fossés, donc que leur agencement peut se faire selon le rôle qui leur est dévolu. En revanche le fort était trés étendu et haut, et donc couteux suite aux mouvements considérables de terres qu'il demandait:
Une autre disposition était de placer l'artillerie sur un parapet plus bas, le massif central, qui n'était surmonté que d'un parapet d'infanterie. L'avantage principal en est une réduction des coûts, suite aux mouvement de terre nettement moins importants, même si la défense rapprochée était quelque peu sacrifiée puisque le parapet d'infanterie devait suivre la direction principale du fort. De plus le tir des fantassins était fichant et s'effectuait par dessus les servant des pièces, ce qui représentait un danger pour eux:
On a enfin imaginé des forts sans massif central, où l'artillerie et l'infanterie utilisaient la même crête
Des caponnières permettaient de tirer au fusil sur des assaillants rentrés dans le fossé:
Les poudrières: Toutes les munitions nécessaires au siège se trouvent dans les poudrières du fort qui sont naturellement trés protégées. Comme la poudre noire était trés sensible à l'humidité il fallait à tout prix assurer la siccité du lieu, d'autant plus que les caisses n'étaient pas complétement étanches. Le plancher en chêne était double et l'air pouvait circuler en dessous, évitant ainsi l'humidification. La chambre aux poudres était aussi isolée des remblais par deux couloirs d'assainissements.
On entrait dans la chambre aux poudres par un vestibule, où on devait mettre des chaussons en feutre pour éviter les étincelles avec les souliers cloutés. Tous les éléments métalliques (clous et les armatures des portes, planchers, caisses à poudres) étaient d'ailleurs en cuivre ou en zinc pour justement éviter les étincelles.
L'éclairage se fait au moyen de lampes de sureté, allumées de l'extérieur de la poudrière et isolées de celle-ci par un vitrage intégré au mur. Les murs de la poudrière étaient recouvert de chaux pour favoriser la diffusion de la lumière.
Organisation des places fortes: La ville formant la place forte (noyau central) est autant que possible protégée de la surprise par une enceinte de sureté. Une série de forts détachés constituant la ligne de défense extérieure doit arrêter l'ennemi et ainsi garder la ville hors de portée des canons de l'assaillant, et donc protéger le commandement de la place et les ressources de toutes natures s'y trouvant. Entre les forts on peut trouver de petits forts secondaires ou batteries. Une ligne de soutien entre le noyau central et les forts est constituée de fortifications passagères, servant à soutenir les forts, et à contenir l'ennemi si les forts sont tombés. Une ligne de défense extérieure, soutenue efficacement par l'artillerie des forts et constitués de fortifications passagères, vient compléter le tout:
Dans le système Séré-de-rivière, les forts devaient être autonome durant toute la durée du siège et donc contenaient tous les approvisionnements nécessaires (vivres et munitions).
Réorganisation aprés 1885: Avec l’apparition des obus torpilles (1885), ogives plus allongés et aux parois plus minces, donc contenant plus de charge, et surtout désormais avec des explosifs brisants de beaucoup plus grande puissance, les forts séré de rivière (tout neufs!) sont déclassés. Les expériences menées au fort de la Malmaison sont formelles. L'artillerie devient en outre beaucoup plus précise. La position de l'artillerie à ciel ouvert et concentrée sur les parapets est désormais intenable. L'apparition des obus à mitrailles rend de plus le service des pièces impossibles Lors des bombardements.
On dut alors revoir tout le système défensif: voir fortifications aprés 1885