LE FUSIL LEBEL ET SON TIR

<= L'armée française de l'été 14


Définitions:

 

  • trajectoire: courbe décrite par la balle pendant son trajet dans l'air
  • ligne de tir: axe du canon dans la position de pointage et prolongé indéfiniment
  • plan de tir: plan vertical passant par la ligne de tir
  • angle de tir: angle de la ligne de tir avec le plan horizontal
  • origine du tir: point où la balle sort du canon
  • point de chute: point où la partie descendante de la trajectoire coupe la ligne de mire
  • point d'arrivée: point où la trajectoire rencontre le sol
  • flèche: mesure de la plus grande élévation de la trajectoire au dessus de la ligne de mire
  • portée: distance entre le point origine du tir et le point de chute (4300m maximum pour le lebel)
  • hausse: appareil permettant de donner à l'arme l'inclinaison convenable pour atteindre son but
  • ligne de mire: ligne déterminée par le milieu de la ligne qui joint les bords supérieurs du cran de mire et le guidon
  • force de projection: force qui met la balle en mouvement
  • recul: effet de la force de projection qui pousse l'arme en arrière au moment du départ du coup
  • vitesse initiale: vitesse de la balle à la sortie du canon
  • durée de trajet: temps que met le projectile à franchir une portée donnée
  • vitesse restante: vitesse d'un projectile à une portée donnée

Le tir: Pointer son arme, c'est diriger sa ligne de mire sur le but à atteindre. L'empreinte produite par la balle est appellée point d'impact. on appelle groupement l'ensemble des empreintes produites par un ou plusieurs tireurs visant un même point avec la même hausse. le point central d'un groupement est appelé point moyen, la distance entre un point d'impact et le point moyen est l'écart. la gerbe est l'ensemble des trajectoires d'un tir collectif dirigé vers un même point.

on appelle zone dangereuse, pour un but de hauteur donnée, la portion de terrain au dessus de laquelle la trajectoire ne s'élève pas à une hauteur plus grande que celle du but:

on appelle zone défilée, pour un obstacle, la profondeur de terrain que cet obstacle met à l'abri des balles:

La zone de protection est la partie de la zone défilée où la trajectoire reste plus élevée que le but placé derrière l'obstacle:

La zone dangereuse est composée d'un terrain battu (portion de terrain où se trouve les points d'arrivée) précéde d'un terrain rasé. 

Un tir est juste précis quand le groupement est serré. Un tir est réglé lorsque le point moyen est proche du but à atteindre. Un tir juste est précis et réglé. l'effet utile est le nombre de balles qu'un tireur met dans le but en une minute.

Dans un tir collectif sur un but donné, les points d'impacts de la gerbe forment aux distances moyennes un ovales de 800m de profondeur environ. Néanmoins 82% des coups se trouvent dans un groupement central de 400m de profondeur environ. La largeur du groupement varie avec la distance et augmente avec celle-ci. Aux petites distances elle est d'environ 6m, aux moyennes distance d'environ 15m et aux grandes distances d'environ 40m.

Comme on le voit ci dessous la forme du terrain a une influence considérable sur les résultats d'un tir collectif:

Sur les terrains inclinés au dessus de la ligne de mire la profondeur du groupement est diminuée. Sur des terrains inclinés au dessous de la ligne de mire, cette profondeur est au contraire augmentée. 

Lorsqu'un projectile effleure une ligne de crête et ne s'élève pas dans son parcours à plus de 0,4m, 0,8m, 1,6m, le terrain était dit défilé pour le fantassin couché, à genoux ou debout. 

Ainsi en cas de forte pente, les troupes pouvaient être amenées à proximité de la crête, en cas de pente douce, on devait utiliser des abris pour cette troupe.


Emploi de la hausse du Lebel: On place la hausse à la distance indiquée. Dans le cas d'une distance comprise entre deux graduations consécutives, on choisit la hausse supèrieure.

  • entre 0 et 250m, cran de mire du pied de la planche (planche rabattue en avant)
  • de 250 à 800m, cran de mire de l'arrière de la planche (planche rabattue sur son pied, curseur sur le gradin correspondant à la distance
  • de 800 à 2400m, cran de mire du curseur, le bord supèrieur du curseur à hauteur du trait marquant la distance
La hausse de combat est de 400m. La tension de la trajectoire permet d'utiliser cette hausse jusqu'à 600m contre l'infanterie et 800m contre la cavalerie. Le tableau suivant donne les caratéristiques du tir pour la cartouche modèle 1886D:


Tir de guerre: Le soldat doit bien apprendre à voir les cibles ennemies et apprécier leur distance, et c'est l'un des buts de l'instruction, autant que de tirer juste! le soldat isolé doit tirer le moins possible. Il ne tire que s'il en a reçu l'ordre, lorsqu'il doit pourvoir à sa propre défense, ou exceptionnellement pour signaler l'ennemi. En groupe il doit normalement recevoir de ses chefs la hausse, le but et l'ordre d'ouvrir le feu. En principe un isolé ne doit pas tirer à plus de 400m sur un isolé ou à plus de 600m sur un petit groupe.  

Le point à viser est le bord inférieur de la partie visible du but. Si le but se déplace transversalement, on vise le bord du coté de la marche. Par vent soufflant de coté, on vise le bord du coté d'où vient le vent.

Le soldat devait apprendre à utiliser les couverts (abri cachant le tireur sans le protéger des balles) du terrain pour se dissimuler, et des abris pour se protéger des balles, puis à trouver un appui pour son arme. Ci-dessous les épaisseurs de différents matériaux qui arrêtent les balles:

Un havresac chargé était réputé n'être pas traversé par les balles de shrapnels, aussi était il conseillé de s'en couvrir quand on était en butte au feu de l'artillerie ennemie!
Champs de tir militaires et stands de tir civils - almanach du drapeau 1900

Champs de tir militaires et stands de tir civils


Les positions du tireur:


Sources: L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire - Librairie Chapelot - 1914
Site les armes françaises