LES ZOUAVES

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Il existe dans les montagnes situées à l'est d'Alger une peuplade considèrable qui donne des soldats aux gouvernements d'Afrique qui veulent les soudoyer. Les hommes dont elle se composent se nomment Zouaouas. Deux mille m'ont déjà offerts leurs services ; cinq cent sont déjà réunis à Alger. J'ai cru devoir suspendre leur organisation jusqu'à l'arrivée de mon successeur - Aout 1831 - Maréchal de Bourmont - Lettre au ministre de la guerre


Historique: Créés en 1830 et composés en majorité d'européens, ils doivent leur nom à la tribu kabyle des zouaouas. Ceux-ci fournissaient des soldats aux turcs sous la régence d'Alger, puis aux français aprés le débarquement de Sidi-Ferruch. Ils sont vite rejoint par des volontaires français ou étrangers. C'est lors de la création des tirailleurs algèriens, composés en majorité d'indigènes, que les zouaves furent recrutés majoritairement parmi les européens. Leur devise était: « Être zouave est un honneur. Le rester est un devoir. »

On créa dabord un bataillon de zouaves, puis un second. En 1842 un troisième vit le jour, avec la création du régiment des zouaves. Bien que ne formant qu'un régiment ils combattirent le plus souvent isolément, le premier était affecté dans la région de Blida, le second à Tlemcen, le troisième à Bône. Ces soldats de grande valeur avaient l'habitude de dire: Il n'y a qu'un régiment de zouaves, comme il n'y a qu'un dieu, comme il n'y a qu'un soleil. Un décret de 1852 créa trois régiments de zouaves, avec pour noyau les précédents bataillons. Le 1er bataillon forma le noyau du 1er régiment qui fut affecté à la province d'Alger. Le 2e bataillon forma le noyau du 2e régiment, destiné à la province d'Oran. Le 3e bataillon forma le noyau du 3e régiment affecté à la province de Constantine. Ils servirent ensuite hors d'Afrique, lors de la guerre de crimée (où fut créé un quatrième régiment), d'Italie, du mexique et enfin celle de 1870, où ils firent preuve de grande qualités guerrières. A noter que des zouaves figuraient dans la garde impériale recréee par Napoléon III. En 1872 aprés quelques péripéties, la jeune troisième république reconstitue les quatre régiments de zouaves. Ils participeront à la grande guerre où ils se battront heroïquement.

Les régiments de zouaves


Uniforme: Il est assez compliqué, et inconfortable. Les zouaves portaient une chéchia garance, une veste bleue foncé courte et ajustée sans boutons, un gilet sans manche en drap bleu foncé, une large ceinture de toile bleue longue de trois mètres enroulée autour de la taille, un pantalon bouffant, des guêtres blanches et des jambières. Ils pouvaient en outre porter le turban (vert, puis blanc à partir de 1859) en plus de la chéchia. 

Le pantalon bouffant à la turque est en drap garance pour l'hiver et la grande tenue, en toile blanche pour l'été et les marches. Il est lié au jarret au moyen d'un cordonnet en coton noir, soutenu par une haute guêtre en toile blanche pour la garnison, en peau pour les marches, plus tard en drap noir. Jusqu'en 1873, les zouaves portèrent des jambières ou molletières en cuir fauve. Au bas du pantalon, le fameux trou de Lamoricière permettant de laisser passer l'eau qui pouvait s'engouffrer lors du passage des oueds.

La ceinture était l’élément le plus difficile à mettre, le zouave devant souvent appeler à l’aide un de ses compagnons. Le style de cet uniforme, variant totalement de celui des autres types d'infanterie français, a pour origine le style vestimentaire des populations kabyles de l'époque. L’uniforme zouave était cependant particulièrement adapté aux climats chauds et rudes de la montagne algérienne. Les culottes bouffantes permettaient une meilleure circulation de l’air que le pantalon, et la veste courte était plus fraîche que les longues chemises de laine de la plupart des armées contemporaines. Une des raisons du petit nombre d’unités de zouaves dans les armées de l’époque était le coût supplémentaire de cet uniforme particulier, supérieur à celui des uniformes à la coupe simple et produits en grande série des autres unités.

Les officiers avaient quant à eux une tunique de drap noir boutonnée sur le milieu de la poitrine, avec jupe formant des plis. Sur les manches, les galons en soutaches d'or affectaient la forme du nœud hongrois. Le pantalon était de drap garance à bande noire ou en toile blanche suivant les saisons, retombant en plis sur la botte. Les officiers portaient le képi, mais beaucoup l'avaient remplacé par la chéchia et Lamoricière lui-même en donnait l'exemple, mode qui devait revenir pendant la guerre de 1914-1918.

Veste: Confectionnée en drap bleu foncé et bordée de tresses plates en laine rouge de 1cm de large et de passepoils de 2mm de diamètre. La fausse poche ou tombeau a la couleur caractèristique du régiment: garance pour le premier, blanc pour le deuxième, jonquille pour le troisième et bleu foncé pour le quatrième. 

Veste des zouaves

Gilet: Sans manche, il se porte sous la veste. Le dos est en drap garance et le plastron en drap bleu foncé, barré en son centre d'une tresse plate rouge verticale. Le dos et le plastron se boutonnent sur le côté droit par cinq boutons en os. Les deux petites poches servent essentiellement de gousset pour la montre et sa chaîne. 

Gilet des zouaves

Pantalon: Le sérouel emprunte sa forme et son nom au pantalon arabe. Il est de drap garance et orné de soutaches bleu foncé. Deux larges poches s'ouvrent sur les côtés. Le pantalon se porte au moyen de bretelles de toile blanche.

Pantalon des zouaves

Collet à capuchon: En drap gris de fer bleuté, il sert de manteau

Collet à capuchon

Chéchia: unique coiffure réglementaire, en laine feutrée garance, elle est portée avec un gland bleu foncé. Les zouaves ont l'habitude de l'entourer de la chèche pour protéger du soleil et des vents de sable. Ce turban d'abord rouge puis vert devint blanc sous le second empire. 

Façon de porter la chéchia et la chèche

Guêtres: En 1874 les jambières de cuir fauve sont abandonnées pour des guêtres en étoffe. Le modèle en toile blanche n'était pas populaire care trop salissant, les zouaves portaient donc plutôt le modèle en drap bleu foncé. En 1904 sont adoptées les bandes molletières en drap gris de fer bleuté qui se généralisent aussitôt


Zouave cassant la croûte

Zouaves au camp de Valbonne, février 1913

Zouave avec équipement

Zouaves lors de la bataille de la marne:


Poste de police des zouaves:

Zouaves durant la guerre franco-prussienne:

Zouaves à l'attaque durant la guerre franco-prussienne


Sources: Uniformes n°30 mars-avril 1976 et n°75 juillet-aout 1983
Les soldats des colonies - Chantal Antier-Renaud - Christian Le Corre - Ouest France - 2008
L'armée d'Afrique - Historama hors série n°10 - 1970